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Les Sloughis fondateurs de l'élevage occidental et leur influence sur la population actuelle de Sloughis élevés en occident

texte/ photos: Dr. Dominique de Caprona
Traduit de l’anglais par Dr.Anne D’Ersu
Ceux qui s'interessent à l’ élevage du Sloughi peuvent trouver ici la liste des références Externer Link concernant certains des chiens cités dans cette étude. 

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            Les première et seconde guerres mondiales ont mis une fin tragique à 50 ans d’élevage des sloughis en France, en Hollande, en Belgique et en Allemagne. Ces lignées, que l’on preservait avec beaucoup de soins, descendaient surtout de sloughis importés d’Algérie, de la Tripolitaine (Tunisie et Libye), et de quelques sujets venant du Maroc. Malheureusement, elles sont maintenant éteintes. A la suite de quelques portées nées en France dans les années 1950 et de la renaissance de l’élevage occidental de cette race au début des années 1970, la population de sloughi s’est étoffée. Quelques 30-40 ans ont passé et il semble qu’il soit temps maintenant d’évaluer l’influence qu’ont eu les males et les femelles fondateurs de cette époque sur la population actuelle des sloughis élevés en occident.

            Une base de données très complète sur cette race a été mise en place pour ce projet par Peter van Arkel, qui totalise 4105 Sloughis et remonte jusqu’au début de l’année 1900. 1562 Sloughis nés entre 1993 et 2003 ont été selectionnés pour cette étude. Les lignées qui se sont éteintes n’ont eu aucune incidence sur l’élevage actuel du sloughi. Seuls des chiens qui ont aujourd’hui encore des descendants ont été choisis et l’on a calculé l’influence qu’ils ont eue sur l’élevage actuel. Le critère appliqué pour qu’un chien soit considéré comme fondateur a été un apport génétique de 50%.

            Les males et les femelles figurant dans la liste ci-dessous ne correspondent pas toujours aux chiens qui ont été véritablement importés de pays extérieurs à l’Europe. Si, par exemple, 2 imports n’avaient eu qu’un seul descendant dans un pays occidental, seul ce descendant figure dans la liste, et non pas ses parents. En d’autres termes, tous les chiens figurant dans cette liste sont des “ancêtres uniques” de certaines lignées, qu’ils soient fondateurs de pays d’origine, d’origine inconnue, ou descendant unique de chiens fondateurs.

            Le but de cette étude est de déterminer l’influence de 42 femelles fondatrices et de 24 males fondateurs. Si on le compare a celui de la plupart des autres races de chiens, le pool génétique du sloughi d’aujourd’hui est plutot varié. Cependant, comme nous le verrons, l’influence de chaque chienne et de chaque chien montre des variations considérables, certains en ayant très peu, d’autres beaucoup, certains uniquement dans certains pays, d’autres sur l’ensemble de l’élevage occidental.

            Les statistiques relatives a l’influence de ces animaux ont été obtenues en calculant le coefficient de consanguinité avec certains fondateurs dans la population actuelle de Sloughis élevés en occident. Permettez moi de donner tout d’abord quelques explications concernant L’ADN.  L’ADN est constitué par les gènes. Les gènes vont par paire héritées des deux parents (sauf pour le chromosome Y hérité uniquement du père), chaque élément d’une paire de gènes étant un allèle. Les deux allèles d’un gène donné peuvent être identiques (homozygotes) ou différents (hétérozygotes). La consanguinité augmente l‘homozygotie des allèles des gènes,

c’est à dire que advantage d’allèles deviennent identiques. Le coefficient de consanguinité est fourni par une formule mathématique qui permet de calculer la probabilité pour qu’un allèle donné herité de n’importe lequel des parents apparaissant de chaque coté du pédigree soit devenu homozygote dans la descendance. Un coefficient de consanguinité égal à zéro signifie qu’aucun ancêtre commun n’apparait dans les pédigrees des parents. Il est évident que l’on ne peut connaitre le degré d’homogénéité du patrimoine génétique d’un sloughi fondateur, mais cela vaut pour toutes les espèces animales. On estime donc le coefficient de consanguinité en partant du principe que les fondateurs ne sont pas étroitement apparentés et que l’homozygotie de leur progéniture est à un niveau minimum ou de base. Il s’agit alors juste d’un niveau de référence, qui dans certaines races indique un niveau de consanguinité très faible, ce qui n’est pas forcément le cas dans d’autres races plus consanguines. Etant donné la vaste distribution géographique du sloughi dans ses pays d’origine, il est peu probable que des chiens dont les parents sont inconnus aient été étroitement apparentés. Une augmentation du coefficient de consanguinité au fil des générations successives indique donc une augmentation des chances d’homozygotie de tout allèle de gène porté par les ancêtres figurant dans les pédigrees de la mère et de l’étalon. Cela signifie que lorsque la consanguinité augmente, les allèles des gènes sont de plus en plus identiques.

            Aujourd’hui les éleveurs peuvent calculer le coéfficient de consanguinité des portées qu’ils envisagent a l’aide de divers logiciels informatiques. Cependant, personne ne s’est encore intéressé à cet aspect dans l’ensemble de cette race. C’est ce que nous avons décidé de faire ici.

            On trouvera dans le premier tableau une liste de tous les animaux, chiennes et chiens, dont l’influence a été mesurée dans la population actuelle de sloughis éleves en occident. Ce tableau indique également le pays d’origine africain lorsqu’il est connu, ou le pays dans lequel le chien vivait ou à partir duquel il avait été importé si ce pays n’est pas un pays d’Afrique du nord.

Chiennes (42)

L’Missou (inconnu /France) 1962

Nedjma (inconnu/France) 1964

Richa Talata (Algérie) 1964

Nacha (France) 1964

Operette (Algérie) 1965

Suleika Mechra-Bel-Ksiri (Maroc) 1965

Luuk (inconnu/Hollande) 1966

P’Bronzette (Tunisie/Algérie/AFR) 1966

Nymphe (inconnu /France) 1967

Souad (inconnu /France) 1967

Tania (inconnu /France) 1968

Muna (inconnu /Espagne) 1968

Hourriah (Maroc) 1969

Saida 2 (Maroc) 1969

Damiela (Libye) 1969

T’Soraya (inconnu /France) 1970

Talit (Tunisie) 1970

Abla (Tunisie) 1971

Vouka Grimoires de Kerfa (Maroc) 1972

V’Diba Ghazala (inconnu /France) 1972

Violaine (inconnu /France) 1972

Viana Grimoires de Kerfa (Maroc) 1972

Vassya d’Ouled Dlim (Maroc) 1972

Mascha (Tunisie) 1974

Xoutes des Oudaia (Maroc) 1974

X'kisba d. Amethystes Tichka (Maroc) 1974

L’Karla Diane (Afghanistan) 1975

Miska (Tunisie) 1975

Lysis (inconnu/France) 1975

Richa el Djerid (Tunisie) 1975

Mejda (inconnu/France) 1976

Zina de Guercif (Maroc) 1984

Kali (Azawakh) 1984

Jdiah (Maroc) 1985

 

Richa (Algérie) 1986

Jdiah2 (Maroc) 1987

Jdiah Ouled Salem (Maroc ) 1987

L'Hazal Ouled Salem (Maroc ) 1987

Diana Jdiah (Maroc) 1987

D'Selma (inconnu /France) 1988

Nawwal d. Ouled Roualem (Maroc)1990

Q'Rouicha-Ighoud (inconnu /France) 1992

Chiens (24)

Khalife (Algérie) 1961

Morjane (Tunisie) 1963

Amen Ouled Nails (Maroc) 1966

Shidi Mechra-Bel-Ksiri (Maroc) 1965

O’Dalgo (inconnu)1965

Othello (Algérie) 1965

Quitus (Algérie) 1967

Ramsa (inconnu) 1968

Shab Ben Alojazaer (Algérie) 1968

Sloughi Ben (Tunisie) 1971

Vero del Ksiri (Maroc) 1972

Vick D’Ouled Dlim (Maroc) 1972

Jenna (Moyen Orient?) 1974

Boustan (Tunisie) 1975

Roustan (Tunisie) 1975

Srab II (Tunisie) 1975

Masoud (Tunisie) 1975

Laba'An II Al-Khalij (Saluki/Arabie saoudite) 1977

Jnah Ouled Salem (Maroc )1984

Rais (Maroc) 1985

H'Mami (Algérie) 1989

Stak (Algérie) 1989

G'zal Ouled Laouichat (Maroc) 1991

Dukal U. bershebas el Abid (Libye) 1999

Note: Masoud & Mascha sont frère et soeur, de même que Vassya & Vick D’Ouled Dlim

            Une dernière remarque remarque avant de se pencher sur les résultats: les chiffres présentés ici sont uniquement des coefficients de consanguinité par rapport aux divers fondateurs femelles et males. Bien évidemment, davantage de sloughis ont ces foundateurs dans leur pédigrees sans être nécessairement consanguins avec eux, ce qui est le cas par exemple si ces fondateurs ne figurent qu’une seule fois dans une branche de leurs pédigrees.

LES CHIENNES

            Nous examinerons d’abord les chiennes et leur influence dans l’élevage en France, en Allemagne, en Hollande, aux Etats-Unis d’Amérique et en Europe (qui comprend tous les pays d’Europe qui ne sont pas cités séparément), et regrouperons les résultats dans le Total. Les chiffres sont des pourcentages. Les 6 femelles ayant le plus d’influence dans chaque pays sont indiquées en gras, et les deux femelles ayant l’influence la plus forte en gras rouge. A coté de chaque pays est indiqué le nombre de chiens qui y on été élevés entre 1993 et 2003 et qui font partie de cette étude.

            Voyons maintenant ce que ces chiffres signifient dans ces pays.

en pour cent:

Allemagne (29 chiennes fondatrices)

            Tout d’abord, une remarque d’ordre général: que l’on se tourne vers l’Allemagne seule ou vers le monde entier, les chiffres montrent une distorsion due au grand nombre de chiens produits par l’élevage Schuru-esch-Schams. C’est toujours le cas lorsqu’un éleveur particulier produit beaucoup plus de chiens que les autres. Les chiens fondateurs d’un élevage aussi prolifique, à cause du grand nombre de leurs descendants, finissent par avoir une influence beaucoup plus importante sur l’ensemble de l’élevage occidental du sloughi, de même que dans les pays d’origine ou certains de ces chiens ont été exportés.

            Il n’est pas surprenant de constater que la chienne qui a de loin l’influence la plus importante sur l’élevage allemand du sloughi d’aujourd’hui est Luuk. Luuk, mère d’ Ifrita al Schams, avait été recueillie chez des gitans en Hollande; le juge hollandais Han Juengeling aurait estimé qu’il s’agissait d’un sloughi, mais aucune origine en Afrique du nord n’est documentée. L’influence de cette chienne est très forte en Allemagne mais aussi dans l’élevage occidental en général.

Luuk
(c) Schritt

            La deuxième chienne la plus importante en Allemagne est Masha, importée de Tunisie. Elle est également une chienne fondatrice de l’élevage Schuru-esch-Schams. Bien qu’elle soit vraiment une sloughia africaine, son influence représente 2 tiers de celle de Luuk en Allemagne et la moitié de celle de Luuk dans l’ensemble de l’élevage occidental.

Mascha

            La troisième des chiennes les plus influentes en Allemagne est Muna, une chienne importée d’Espagne, d’abord enregistrée dans les années 1970 dans le VDH Sammelregister en tant que Galgo espanol Dona el Canto importée d’Espagne, puis enregistrée dans le Registre allemand en tant que Sloughi SL 1, origines inconnues. On a émis des doutes sur l’origine nord africaine de cette chienne. Cette chienne est surtout importante dans l’élevage Schuru-esch-Schams, mais également, bien qu’à un moindre degré, dans d’autres pays.

Muna avec chiots
de: Zeitschrift das Tier 3/78

            La population allemande de sloughis a subi une forte influence de ces trois chiennes: Luuk, Masha et Muna. Quand on additionne leurs influences, on arrive à un chiffre de 27.9743 %, ce qui est un facteur trop élevé pour une bonne santé génétique dans n’importe quelle population.

            D’autres élevages en Allemagne, bien qu’ils aient élevés moins de chiens, ont apporté des lignées descendant de chiennes d’Afrique du nord, permettant ainsi l’existence d’un pool génétique plus large dans ce pays et de lignées qui remontent à d’autres lignées femelles.

            Les chiennes Suleika Mechra-Bel-Ksiri, Opérette and Xoute des Oudaia sont les chiennes les plus importantes qui viennent ensuite dans ce pays. Toutes trois venaient de pays d’origine en Afrique du nord (Maroc et Algérie). Leur influence combinée est de 8.9750%, soit approximativement la même que celle de Masha. Toutes les autres chiennes qui ont encore des descendants en Allemagne, ont chacune une influence de moins de 2% sur la population allemande actuelle de sloughis.

            En conclusion, l’influence combinée de Luuk et de Muna est de 19.5843%. L’influence combinée des chiennes nord africaines Suleika Mechra-Bel-Ksiri, Mascha, Opérette et Xoute des Oudaia est de 17.3650%. On aurait souhaité un autre cours des choses, et que Luuk et Muna du fait de leurs origines incertaines, aient eu une influence bien moindre.

  

 Xoute des Oudaia                                                                   Suleika Mechra-Bel-Ksiri

France (39 chiennes fondatrices)

            La première impression que l’on a quand on regarde l’élevage français est celle d’un usage assez bien équilibré des diverses femelles fondatrices - en fait l’élevage français est basé sur le plus grand nombre de chiennes fondatrices, lorsqu’on le compare à tous les autres pays de cette étude. Aucun élevage ne domine la scène et il en résulte qu’aucune chienne en France n’atteint un haut niveau d’influence comme on le voit avec les 3 chiennes en Allemagne. Aucune n’a une influence qui dépasse 7%.

D’Selma

            La chienne dont l’influence est la plus forte est D’Selma, chienne fondatrice des lignées que l’on trouve dans les élevages de Slouaz et de Germigny. Peu de renseignements ont été trouvés sur l’origine exacte de cette chienne. Elle avait été enregistrée directement dans le Livre des Origines francaises. (LOF)

            La seconde des chiennes les plus importantes est Viana des Grimoires de Kerfa du Maroc. C’est une chienne fondatrice des lignées de l’élevage Kahloul de la Treille. Elle était la mère de son étalon le plus influent, Abd des Grimoires de Kerfa, dont le père était Vick D’Ouled Dlim. L’élevage Kahloul de la Treille a eu une fin tragique, mais a été pendant de nombreuses années un élevage important en France, et des descendants de ces chiens naissent encore.

Abd des Grimoires de Kerfa

(Vick d’Ouled Dlim x Viana des Grimoires de Kerfa)

            Au troisième rang des chiennes les plus importantes vient Nacha (par Sten hors de Kalinka Kerba). On dit de Sten qu’il venait de la région du Boghar (sud algérien), et Kalinka Kerba était par Fels de la Meharigue hors de Gazelle. Kalinka Kerba était enregistrée au Livre des Origines Algériennes et était élevée par X. Przezdziecki a l’époque ou il était encore en Algérie.

Une Belle, fille de Nacha par Patchouli (Patchouli est par Khalife hors de L’Missou)

            L’Karla Diane von Kaboul était par Papsi hors de Nasi, tous les deux importés d’Afghanistan. Il s’agissait peut-être d’un lévrier afghan à poils courts, souvent confondus avec le sloughi à l’époque. Elle appartenait au Dr. Carbonne.

            Nous trouvons à nouveau Luuk arrivant en France par les chiens de Schuru-esch-Schams

            Enfin, Q’Rouicha Ighoud se trouve dans les lignées de l’élevage de Slouaz. Elle est par Jnah de Dar Salem hors de L’Hzala Zrim, dont on pense qu’ils provenaient tous les deux d’Afrique du Nord, les noms évoquant le Maroc.

            A cause des origines nord africaines incertaines de D’Selma et de Q’Rouicha-Ighoud nous ne pouvons les inclure de façon fiable dans l’influence combinée des chiennes d’Afrique du nord. Cependant les influences de Viana des Grimoires de Kerfa et de Nacha réunies sont de 11.1624%.

Pays-Bas (22 chiennes fondatrices)

            Les chiennes qui ont le plus d’influence sur les sloughis élevés aux Pays-Bas sont dans l’ordre décroissant: Damiela, importée de Libye par van Duyvenbode, Luuk citée plus haut, Xoute des Oudaias du Maroc, Opérette d’Algérie, et Richa el Djerid de Tunisie. Elles sont suivies par Abla de Tunisie, Masha de Tunisie et Muna (voir plus haut sous Allemagne). L’influence combinée des 4 chiennes nord africaines les plus influentes (Damiela, Xoute, Operette and Richa) est de 28.8337%, elles ont une influence sur plus d’un quart de la population hollandaise de sloughis, par comparaison avec l’influence de Luuk qui est de 8.1508%.

            Les 4 chiennes les plus imporantes de l’élevage hollandais du Sloughi représentent les 4 pays d’origine de la race Sloughi: l’Algérie, la Libye, le Maroc et la Tunisie, malgré le nombre restreint de chiens nés entre 1993 et 2003.

  

Tunisienne Richa el Djerid                                                  Libyenne Damiela

Richa a les oreilles coupées et les marques au fer rouge sur les pattes avant

Tunisienne Abla

Etats Unis d’Amérique (23 chiennes fondatrices)

            Les chiennes fondatrices dont l’influence est la plus importante sont dans l’ordre décroissant: Viana des Grimoires de Kerfa du Maroc, Luuk, Richa d’Algérie, Opérette d’Algérie, P’Bronzette de lignée tunisienne/algérienne et Souad d’origines inconnues. Les lignées qui ont amené ces fondatrices dans le pays sont pour Luuk les chiens importés de l’élevage Schuru esch Schams, pour les autres des lignées de l’élevage Kahloul de la Treille. Cette seconde chienne nommée Richa a été importée directement d’Algérie en Amérique. L’influence combinée de Viana, Richa, Opérette, P’Bronzette et Souad est de 32.1926%; si l’on enlève Souad elle est de 28.4884%, par comparaison avec celle de Luuk qui est de 9.9603%. Cette situation est en partie une conséquence de la consanguinité étroite pratiquée dans l’un des deux élevages américains à l’époque. On souhaiterait sérieusement voir de nouvelles lignées femelles ajoutées a l’élevage américain.

Europe (autres pays européens que ceux traités séparément ci-dessus, 34 chiennes fondatrices)

            Les chiennes fondatrices les plus importantes de l’élevage européen, en dehors des pays cités ci-dessus, sont Luuk, Damiela de Libye, Opérette d’Algérie, Suleika Mechra bel Ksiri du Maroc, Richa Talata d’Algérie, Muna, et Mascha de Tunisie. Richa Talata est une chienne fondatrice que l’on ne trouve qu’au Royaume Uni, c’est la raison pour laquelle son influence n’est pas incluse dans le calcul de l’influence combinée. Pour les autres pays l’influence combinée des chiennes nord africaines Damiela, Opérette, Suleika et Mascha est de 17.9744%, celle de Muna et Luuk de 9.9323%.

            De façon générale, on ne peut que constater que l’élevage effectué en Italie, en Suisse, en Scandinavie et au Royaume Uni n’a donné aucune chienne dont l’influence dépasse 7%, une situation beaucoup plus saine comparable à celle que l’on trouve en France.

Ensemble de l’élevage occidental (42 chiennes fondatrices)

            Après avoir examiné la situation dans les divers pays, qui montre des différences dans le nombre de chiennes fondatrices et leur influence sur l’élevage local, il nous faut maintenant voir comment se présente la situation de façon générale. La somme de toutes les chiennes fondatrices se monte à 42. La chienne dont l’influence a été la plus importante dans le monde est de loin Luuk, suivie par Viana des Grimoires de Kerfa du Maroc, Mascha de Tunisie, Opérette d’Algérie, Muna et Suleika Mechra Bel Ksiri du Maroc. Trois des 4 pays d’origine du sloughi: le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, sont chacun représentés par une sloughia influente. Si l’on inclu la 7ème chienne la plus importante, Damiela, les 4 pays d’origine sont représentés. L’influence combinée des nord africaines Viana, Mascha, Opérette et Suleika est de 14.5401%, celle de Luuk et Muna de 11.7829%.

            Mille cinq cent soixante deux chiens élevés entre 1993 et 2003 descendent des 42 chiennes fondatrices, dont 15 ont une influence supérieure à 1%, 9 une influence supérieure à 2%, 5 une influence supérieure à 3%, 2 une influence supérieure à 4% et une une influence supérieue à 8% (Luuk). Les 27 autres chiennes de souche ont une influence inférieure à 1%. En termes de pool génétique et de santé génétique, cette situation n’est pas extrême si on la compare à d’autres races plus consanguines, mais quelques chiennes fondatrices ont encore une influence importante alors que la majorité a très peu d’influence sur la population actuelle de sloughis. On aimerait voir un usage plus équilibré des chiennes fondatrices et on souhaiterait qu’à l’avenir l’élevage cherche à corriger cette situation pour offrir un patrimoine génétique plus riche a cette race. On souhaiterait aussi voir l’élevage se concentrer sur des chiennes de souche dont on sait que leurs origines sont au Maroc, en Algérie, en Tunisie et en Libye.

LES CHIENS

            Intéressons-nous maintenant aux mâles fondateurs et à leur influence sur la population actuelle de sloughis élevés en Occident. Le nombre de mâles sur lequel se base l’élevage occidental du sloughi correspond a peu près a la moitié du nombre de chiennes de souche. Les six mâles ayant le plus d’influence dans chaque pays sont indiqués en gras, les 2 mâles a l’influence la plus forte en gras rouge.

en pour cent:

Allemagne (21 chiens fondateurs)

            Nous sommes confrontés à nouveau au même modèle qu’avec les chiennes. L’influence des mâles fondateurs de l’élevage allemand est très faussée par les mâles fondateurs de l’élevage prolifique de Schuru-esch-Schams. Les mâles les plus influents sont de loin Amen Ouled Nails du Maroc and Quitus d’Algérie. Ils sont suivis loin derrière par by G’Zal Ouled Laouichat du Maroc, Shidi Mechra bel Ksiri du Maroc, Othello d’Algérie et Vick D’Ouled Dlim du Maroc. Aucun mâle de Tunisie n’atteint le niveau d’influence de ces 4 chiens marocains et deux chiens algériens. L’influence combinée d’Amen Ouled Nails et de Quitus est de 26.1282%. Aucun des autres 15 mâles du début de l’élevage allemand n’atteint une influence supérieure a 1.8%. En d’autres termes, seuls 6 mâles, dont 2 plus particulièrement, ont une influence significative sur la population allemande de sloughis, ce qui entraine une réduction considérable du pool génétique de la branche mâle des pédigrees de sloughis allemands.

 

Amen Ouled Nails                                                        Quitus

Shidi Mechra Bel Ksiri

France (18 chiens fondateurs)

            Bien que l’élevage français soit basé sur un grand nombre de chiennes fondatrices, les Français ont utilisé un nombre moindre de mâles. Cependant, aucun de ces mâles n’atteint ici le niveau d’influence d’Amen Ouled Nails et Quitus en Allemagne, aucun n’atteint une influence supérieure a 8%, ce qui est une bonne nouvelle pour l’élevage français. Ce sont, dans l’ordre décroissant de leur influence: Jenna, Vick d’Ouled Dlim, Amen Ouled Nails, Laba'An II Al-Khalij, Khalife et Othello. Vick d’Ouled Dlim et Amen Ouled Nails sont du Maroc, Khalife et Othello sont d’Algérie. L’histoire de Jenna est compliquée. On dit de lui qu’il fut importé de Syrie de la tribu des Oreitna. Cela tendrait à montrer que c’était un saluki à poils ras. Cependant, nous n’avons pu trouver aucune information concernant l’existence de cette tribu. En plus, un autre chien ou chienne nommé(e) J’Thasma, né(e) le même jour, a été enregistré(e) au même moment que Jenna – s’il a été importé il l’a été avec un frère ou une soeur, un scénario inhabituel. Pour ajouter à cette enigme, un troisième chien nommé Joker a été enregistré comme étant né 3 semaines après Jenna et J’Thasma – s’agissait-il peut-être d’un troisième frère ou soeur ou vraiment d’un chien né un autre jour? Il n’y a probablement aucun moyen de le savoir. Laba'An II Al-Khalij est un saluki à poils ras de Al-Khobar, Arabie saoudite, élevé par John Burchard et appartenant à H.P Oechslin and S. Leimbacher en Suisse. Ce chien a sailli plusieurs chiennes des races sloughi, azawakh et saluki dans les années 1970.

            L’influence combinée des mâles nord africains de l’élevage français est de 17.3909%.  Si l’on suppose que Jenna était un saluki, l’influence combinée des deux salukis est de 11.2517%. Par contre si Jenna n’était pas un saluki à poils ras, alors l’influence saluki sur l’élevage français est de 3.5670%.%. Laba'An II Al-Khalij n’a aucune influence en Allemagne, aux Pays-Bas et aux Etats-Unis d’Amérique, et une faible influence de 1.5896% en dehors de la France dans les pays européens qui ne sont pas présentés séparément.

 

Khalife © Brandilly     ~     Othello

Laba'An II Al-Khalij

Les Pays-Bas (13 chiens fondateurs)

            Les Pays-Bas, en tant qu’un des principaux pays historiques de la race, ont seulement 13 mâles fondateurs dans leur élevage. Cependant cela peut être une conséquence directe du nombre limité de chiens élevés entre 1993 et 2003. En fait, aucun de ces mâles n’atteint une influence supérieure at 8.5%. On s’aperçoit à nouveau qu’Amen Ouled Nails du Maroc et Quitus d’Algérie sont les mâles les plus influents de l’élevage hollandais. Ils sont suivis par Othello d’Algérie, Sloughi Ben de Tunisie, Khalife d’Algérie et Vero del Ksiri du Maroc. Les sept autres mâles ont des influences comprises entre 1% et 2.5% De façon générale, il semble que cette situation soit relativement saine, même si l’on aimerait voir davantage de lignées mâles.

Vero d’El Ksiri

The Etats Unis d’Amérique (18 chiens fondateurs)

            Dans ce pays nous trouvons à nouveau le marocain Amen Ouled Nails, suivi de près par Vick D’Ouled Dlim, Quitus, Othello, G’Zal Ouled Laouichat et O’Dalgo. En d’autres termes, l’élevage américain est dominé par 3 chiens du Maroc, 2 d’Algérie et un d’origines inconnues. Les trois premiers (Amen, Vick et Quitus) représentent une influence combinée de 29.3621%, une situation qui doit être améliorée si l’on veut augmenter le pool génétique de la branche mâle des pédigrees américains. Cela résulte à nouveau en partie de la consanguinité étroite et de l’usage répété du même étalon par l’un des deux élevages américains à l’epoque dont les chiens sont evalués dans cette étude.

Europe (21 chiens fondateurs)

            Dans les autres pays européens qui ne sont pas présentés séparément, les mâles qui ont le plus d’influence sont le marocain Amen Ouled Nails, l’algérien Quitus, l’algérien Othello, Jenna, l’algérien Khalife et le marocain Shidi Mechra Bel Ksiri. Aucun de ces chiens n’a une influence qui dépasse 7.5%. Ces mâles influents ne représentent que deux des pays d’origine du sloughi dans ces élevages, le Maroc et l’Algérie.

Ensemble de l’élevage occidental (24 chiens fondateurs)

            Les mâles qui ont le plus d’influence sont le marocain Amen Ouled Nails, l’algérien Quitus, le marocain Vick D’Ouled Dlim, l’algérien Othello, Jenna et le marocain G’Zal Ouled Laouichat, aucun de ces mâles ayant une influence supérieure a 9%.

            Mille cinq cents soixante deux sloughis nés entre 1993 et 2003 descendent de 24 mâles de souche. De ces 24 mâles figurant au debut des pédigrees, 11 ont une influence supérieure à 1%, 8 une influence supérieure à 2%, 5 une influence supérieure à 3%, et 2 une influence supérieure à 7%. De façon générale, une situation quelque peu nivelée, qui cependant cache le biais vers certains étalons dans quelques uns des pays dont l’élevage est inclus dans cette etude.

            Comparés aux étalons marocains et algériens, les chiens tunisiens et libyens n’ont pas beaucoup d’influence sur la branche mâle des Sloughis élevés en occident ayant participé à cette étude.

G’zal Ouled Laouichat © Schritt

Influence des frères et soeurs dans cette étude.

            Comme nous l’avons noté dans le premier tableau, nous avons 2 paires de frères et soeurs fondateurs dans cette étude: les tunisiens Masoud et Mascha, les marocains Vick et Viana D’Ouled Dlim. Comme ils sont frères et soeurs ils partagent 50% de leur patrimoine génétique. Nous avons verifié leur influence combinée dans les différents pays.

 

Allemagne 468

Pays-Bas 56

France 486

USA 205

Europe 403

Total 1562

Masoud and  Mascha

8.9592

4.2131

1.5062

seule Mascha

2.7105

seule Mascha

3.0357

4.2919

Vick and Vassya d’Ouled Dlim

2.6647

2.9715

seule Vassya

6.2821

10.1676

2.8456

4.6175

Dans la fratrie Masoud et Mascha, Mascha a une influence beaucoup plus importante; dans la fratrie Vassya et Vick D’Ouled Dlim, Vick a le plus d’influence.

Conclusion:

            Que nous montrent ces statistiques en général sur le statut actuel de l’élevage occidental du sloughi?

            Les résultats montrent d’un coté un nombre relativement élevé de chiens et de chiennes de souche, ce qui est bon pour la sante génétique de cette race, mais de l’ autre, un fort coéfficient de consanguinité sur quelques uns de ces mâles et femelles. Pourquoi cela est-il préoccupant? Les croisements consanguins ont toujours été pratiqués par les éleveurs comme outil servant a “fixer” un phénotype. Cependant, le but originel était de fixer le type des “races” crées intentionellement par l’homme en croisant certaines races entre elles. Les croisements consanguins étaient alors utilisés pour fixer et perpétuer le phénotype que les éleveurs voulaient conserver à partir de ces croisements. Dans une race comme le Sloughi dont l’origine est trop lointaine pour que l’on sache comment elle est a été developpée, la consanguinité n’est pas nécessaire pour fixer un type. La consanguinité reduit la variabilité génétique d’une race, elle peut augmenter la similitude (homozygotie) de bons gènes sains dans beaucoup d’individus, mais elle fait de même pour les gènes défectueux chez beaucoup d’individus.

            Certains des mâles et des femelles ont une grande influence dans tous les pays inclus dans cette étude, d’autres sont très influents seulement dans certains pays. La plupart des éleveurs, sauf un, ne produisent pas un grand nombre de chiots, et plusieurs ne pratiquent pas une consanguinité étroite. C’est une bonne chose, car cet l’élevage moins extrême entraine un usage plus égal des sloughis fondateurs, en particulier s’agissant des femelles, et garantit un pool génétique plus varié. Dès qu’un élevage commence à produire beaucoup plus de chiens que les autres, ou pratique trop de consanguinité, les chiens et les chiennes fondateurs de ces élevages dominent sur le plan génétique la race entière.

            Les statistiques nous montrent également les effets des “erreurs des années 1970s”- c.a.d des males et femelles qui ont été inclus dans l’élevage du sloughi et dont les origines nord africaines sont douteuses. A l’époque les sloughis étaient difficiles à trouver et la génétique un domaine obscur de recherche. La seule allure d’un chien ou d’une chienne donné, les évaluations plus ou moins averties des juges, ont permis l’incorporation de chiens et de chiennes qui n’auraient pas du être utilisés dans l’élevage, et qui n’auraient pas du avoir une forte influence sur cette race. Ce n’est pas parce qu’un chien, ou une chienne, ressemble a un sloughi, qu’il est automatiquement un sloughi. Des croisements entre lévrier Afghan et Greyhound, ou lévrier Afghan et Doberman peuvent ressembler au sloughi. C’est le génome sous-jacent au phénotype qui fait la race. Les domaines de la Biologie et de la Génétique nous montrent que des animaux peuvent se ressembler mais avoir des patrimoines génétiques complètement différents. Ces chiens aux origines discutables figurent dans les lignées occidentales actuelles et ne peuvent plus être enlevés. Cependant, l’élevage occidental du Sloughi est aussi basé sur un plus grand nombre de chiens et de chiennes qui viennent d’Afrique du Nord. Certains ont beaucoup d’influence, d’autres moins.

            Nous espérons avoir montré avec ces résultats les forces et les faiblesses de l’élevage occidental du sloughi et qu’en fin de compte les éleveurs s’efforceront d’éviter des croisements consanguins avec ces fondateurs discutables et concentreront leurs programmes d’élevage sur des lignées solidement implantées en Afrique du Nord. Ce sera difficile puisque certains de ces fondateurs sont profondément ancrés dans cette race. La bonne nouvelle pour la race est que l’on peut encore trouver des sloughis dans les 4 pays d’origine: le Maroc, l’Algérie, la Tunisie et la Libye. Il y a également des lignées dans l’élevage occidental actuel dont on pourrait tirer davantage profit, car leurs fondateurs d’origine nord africaine sont là, mais sous-representés dans l’élevage occidental du sloughi d’aujourd’hui.

Sahib de la Ruine (Othello x Opérette)

Remerciements: cette étude aurait été impossible sans l’aide inestimable de Peter van Arkel pour

l’établissement de la plus vaste base de données concernant cette race à ce jour, et le calcul des statistiques utilisées dans cette étude. Je remercie aussi tous ceux qui ont contribué a cette base de données, fourni des photos et des documents variés, ou qui ont partagé ce qu’ils savaient de certains de ces sloughis de souche.

© Dominique de Caprona 2006

 

vom 02.03.2007